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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/67

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retira là deſſus, raiſonnant à ſa maniere ſur le bizarre choix de Federic. Yolande en fut bien-toſt informée par le moyen de ſon amie, & par l’ordre qu’elle eut de revenir à la Cour, ſa belle mere ayant fait reflexion ſur l’Elegie, trouva que tout luy convenoit admirablement. Le peu d’égard qu’elle avoit eu pour un Prince Amant, ne pouvoient paſſer chez luy que pour des mépris ; tant de menagement de ſa part ne pouvoit eſtre que pour une femme qui l’avoit trop outragé pour l’aimer ſans honte, & ce qui la confirma, fut le nom d’Amaldée que la Princeſſe n’avoit oſé écrire qu’imparfaitement, qui ayant beaucoup de rapport au ſien, [1] la perſuada ſans retour. Toute autre qu’une intereſſée n’auroit jamais demeſlé ce caractere tremblant & ambigu, mais de quoy ne vient-on pas à bout, quand l’amour s’en meſle ; ſi bien qu’aſſurée de ce cœur qu’Yolande avoit cru vainement poſſeder, elle fut bien aiſe de l’avoir pour témoin de ſon bon-heur. C’eſt une grande joye pour une Amante, que le chagrin d’une rivale, & l’on

  1. Elle s’appelloit Amedée.