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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/82

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de ne les plus trouver ſeules, d’éviter méme la rencontre de toutes les femmes, afin de ne parler pas à celle qui ſe vouloit faire entendre. Cependant il ſe trompoit dans toutes ſes conjectures, comme ces trois Amantes l’avoient été, en croyant tromper les autres. Comme chacune d’elles avoit paru ne point remarquer le Prince, elles crurent toutes en particulier, que le rendez-vous n’étoit que pour elles, & s’applaudiſſant toutes de la fidelité de Federic, & de leur adreſſe à cacher ce qu’elles en penſoient, elles firent une converſation aſſez galante, & ſe retirerent fort civilement. Camille fut la plus réveuſe, auſſi avoit-elle ſujet de l’étre, & cette occaſion perduë ne ſe pouvoit preſque plus recouvrer. Son frere partoit le lendemain, il falloit partir avec luy ou s’expoſer, ou à la colere de ſon pere, ou aux mépris de ſon Amant, qui luy eſtoit moins facile de ſupporter. L’amour y pourveut encore, la Princeſſe de Sicile, comme nous avons dit, voulant reparer toutes les bruſqueries qu’elle avoit faites à celuy qu’elle aimoit ſi tendrement, alla prendre congé de