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Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/37

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de l’observation et de l’expérience.

tion et dans les sciences expérimentales. Il y aura toujours jugement par une comparaison s’appuyant sur deux faits, l’un qui sert de point de départ, l’autre qui sert de conclusion au raisonnement. Seulement dans les sciences d’observation les deux faits seront toujours des observations ; tandis que dans les sciences expérimentales les deux faits pourront être empruntés à l’expérimentation exclusivement, ou à l’expérimentation et à l’observation à la fois, selon les cas et suivant que l’on pénètre plus ou moins profondément dans l’analyse expérimentale. Un médecin qui observe une maladie dans diverses circonstances, qui raisonne sur l’influence de ces circonstances, et qui en tire des conséquences qui se trouvent contrôlées par d’autres observations ; ce médecin fera un raisonnement expérimental quoiqu’il ne fasse pas d’expériences. Mais s’il veut aller plus loin et connaître le mécanisme intérieur de la maladie, il aura affaire à des phénomènes cachés, alors il devra expérimenter ; mais il raisonnera toujours de même.

Un naturaliste qui observe des animaux dans toutes les conditions de leur existence et qui tire de ces observations des conséquences qui se trouvent vérifiées et contrôlées par d’autres observations, ce naturaliste emploiera la méthode expérimentale, quoiqu’il ne fasse pas de l’expérimentation proprement dite. Mais s’il lui faut aller observer des phénomènes dans l’estomac, il doit imaginer des procédés d’expérimentation plus ou moins complexes pour voir dans une cavité cachée à ses regards. Néanmoins le raisonnement expérimental est toujours le même ; Réaumur et Spallanzani appliquent également