Aller au contenu

Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Pourquoi ? Quelles sont les causes profondes, génératrices ?

— Monsieur le Docteur ! salua courtoisement Paul, avec un sourire.

— Hélas ! monsieur le Docteur ignore le remède, parce qu’il ne connaît guère le mal. Le diagnostic est difficile : y aurait-il, du reste, un curatif sauveur ?

— Et nous ne réfléchissons jamais à cela…

— L’égoïsme !…

— Moi ! moi toujours ! N’ai-je pas un avenir ? Qu’importe la race ?

— Oui, Paul, je serai médecin, tu seras ingénieur… Ne sens-tu pas que nous ne serons jamais autre chose pour notre race ?

— Excellons, alors ! Sois un médecin qui vaille !… Oui, devenons des « valeurs » : une race n’a jamais trop d’individus qui dominent.

— Sans fatuité, j’y songeais cet après-midi… C’est beaucoup, mais il y a autre chose… de l’amour, par exemple. Nous n’aimons pas notre race, parce que nous ne la connaissons pas. Son histoire t’a-t-elle passionné, conquis, gardé ? Que t’en reste-t-il ?

— Presque rien…

— Nos frères de l’Ontario sont menacés d’une loi qui ouvre un abîme : sommes-nous touchés ? Leurs angoisses ont-elles franchi l’Outaouais