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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/105

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s’être donné la peine de comprendre… Il faut la respecter, mais n’être pas son esclave.

— Facile à dire !

— Oui, ce doit être redoutable de la heurter de front !

— L’opinion canadienne-française est singulièrement taquine et chatouilleuse…

— Un jour ou l’autre, si nous sommes fidèles à notre programme, il faudra bien la taquiner un peu…

— Le ferons-nous, mon ami ?

— Encore le scepticisme ! C’est un grand philosophe qui a raison peut-être…

— Nous essayerons, Jean…

Les deux compagnons se promirent d’en recauser…

Jean Fontaine accélère le pas : ses nerfs tendus l’entraînent. Il va, la tête souvent inclinée vers le trottoir, la pensée très active, envisageant pêle-mêle toutes les faces du problème qui l’obsède. À peine jouit-il d’une nuit savoureuse. L’air a cueilli sur son aile tous les parfums de l’œillet, de la violette et des géraniums. L’azur est si tristement doux que les étoiles au firmament tremblent comme des larmes d’or. Là où le réverbère électrique répand sa lueur, les arbres s’argentent, s’attendrissent : là où l’ombre les enveloppe, ils prennent des airs graves