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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/126

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étions moins paresseux au collège, nous deviendrions peut-être d’autres hommes. Toutes les réformes crouleront devant l’insouciance… N’ont-ils pas fouetté nos énergies ? As-tu essayé de rendre effectif leur enseignement, de parcourir les espaces qu’il ouvrait ? Nous n’avons pas la curiosité passionnée d’apprendre, nous n’avons pas d’appétits intellectuels ! C’est presqu’une souillure de besogner rude, les plus admirés sont ceux qui réussissent vaille que vaille en ne faisant rien. Pour combien n’est-ce pas une gloriole d’être le « grand talent » qui pourrait s’il voulait ?… L’initiative des professeurs opère sur les cerveaux automatiques des « bûcheurs » ou sur les « belles intelligences » trop sûres d’elles-mêmes et langoureuses, quand elles ne sont pas désœuvrées. Avant de la condamner ne devrait-on pas faire le procès des élèves ?

— Je n’avais jamais pensé à cela…

— Je n’ai pas voulu t’offenser, Lucien, je te prie de le croire.

— Tout de même, ce sont des repaires de tradition !

— Cela suppose des bêtes sauvages. La comparaison n’est elle pas trop brutale ? dit Jean, avec un sourire espiègle où flottait de la tristesse.

Jean Fontaine a tenu parole. Maître de ses nerfs, il en a détourné les violences, quand ils