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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/164

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vint de la montée si rapide. Thérèse vint, grave comme une grande personne…

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— Lucile est là, Monsieur, dit Thérèse, solennelle toujours et s’inclinant.

Lucile est là, troublée, sans autre langage que celui d’un sourire où le cœur fuse en lumière…

Jean s’accuse :

— Mademoiselle, j’ai trop retardé, je le regrette sincèrement, dit-il.

— Vous êtes bien bon d’être venu, répond-elle, avec une voix légèrement oppressée.

Que son visage est tendu, défloré par l’angoisse, débile par la fatigue ! Il a presque la blancheur affinée du marbre que les grands artistes font tressaillir. Jean garde en lui, depuis qu’il s’est refermé, un regard des yeux larges où l’infini de l’âme indiciblement, lentement, s’est ouvert. Quel mélange de tristesse, d’espérance, d’appréhension, de douceur en avait formé le rayon ? Ce que le jeune homme en ignore le moins, c’est qu’il désire le revoir. Il attend qu’il remonte vers lui. L’autre jour, les cheveux n’étaient presque pas visibles sous les ailes du chapeau : il aime leur sombre richesse et leurs pâles scintillements d’or. L’ovale aminci courbe et s’allonge avec souplesse, avec pureté. Sa voix résonne à peine de ces inflexions dures qui souvent heur-