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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/219

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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

riorité d’endurance. Leurs discussions n’étaient pas des conflits, mais l’expression normale de leurs mentalités l’une à l’autre familières : rien d’acerbe n’y intervenait pour les aigrir l’un contre l’autre. Les horizons de l’un ne se déployaient guère, la culture de l’autre s’affinait toujours par l’étude : ce rêve de science pouvait-il sourdre ailleurs qu’en l’imagination d’un ambitieux rêveur d’altitudes ? Gaspard s’étonna beaucoup moins que ne l’appréhendait son fils ; leurs entretiens, ceux où plus d’expansion jaillissait, accoutumèrent l’industriel à ce qu’il appelait « les belles phrases, les originalités, le romanesque, les nuages » : sans comprendre l’utile de ces choses, il avait comme une devination de leur beauté morale, était heureux que Jean les connût. Ce projet d’abord mit son instinct d’homme calculateur un peu mal à l’aise : n’est-il pas étrange qu’un jeune médecin ne veuille pas faire comme les autres, uniment s’arrondir une clientèle, devenir un spécialiste à la mode ? C’est inconcevable, peut-être chimérique, une telle carrière, mais il admire, il approuve, il croit. Ses entrailles de père ont vibré tandis que Jean déversait le trop plein de lui-même. Comme la voix sonnait l’ardeur et la virilité, comme les yeux s’allumaient de foi, comme le visage défiait les périls, embrasé de triomphe ! Sa pro-