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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/236

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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

— Sérieusement, là, ton laboratoire, ce sera du clinquant pour éblouir les clients. Pour un sentimental, une aussi étrange réclame, ce n’est pas joli… N’oublie pas, en effet, papa, que Jean est un des rares humains en qui surnage la vieille chevalerie. Au nom des preux, des croisés, il m’a supplié de redevenir la princesse rose de la quinzième année. Il a fait les choses avec une galanterie suprême. Il mit genou en terre, inclina sa perruque brune, mouilla ses yeux de noble langueur, m’offrit son épée ardente au service de ma régénération…

— Qu’est-ce que tu me bredouilles ? Au nom du ciel, parlez de manière à ce que je vous comprenne ! objecte Gaspard.

— Je voudrais tant parler de manière à ce qu’elle me comprît ! Elle nargue : la raillerie est l’argument déloyal de ceux qui nient. Et nier, c’est détruire… Quand tu railles, Yvonne, j’ai peur d’avoir tort. Sois gentille, ou plutôt sois généreuse, comme on l’est pour ceux qu’on aime un peu…

— Beaucoup, Jean… murmure-t-elle, enfin domptée par la voix frémissante et tenace.

— Eh bien, je désire ne rien te cacher d’un trouble sur le cœur. Je te parlerai loyalement, avec tout ce qu’il y a de tendresse et de meilleur en moi-même ! Il ne faut pas que tu ries de la