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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/335

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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

même en retour, heureuse par le sacrifice et la gratitude, Lucile à la maison comme devant Dieu ne s’affinait-elle pas d’une joie rêveuse et sublime ?…

Non pas que Jean s’aveuglât aux limitations de culture, à l’ignorance relative, au goût inachevé, à l’inexpérience mondaine de son amie, à quelques préjugés inséparables du milieu où elle était racinée. Il ne se la représentait pas comme une pierre précieuse romanesque dont rien n’atténuait la pure couleur.

Malgré le remords d’en tenir compte, il observait en elle plusieurs lacunes, la plupart mal définies, l’absence de ces riens considérables, de ces futilités nécessaires, de ces nuances vagues qui sont des qualités, de ces détails frivoles qui sont des charmes. Il manquait à Lucile du poli, une distinction apprise que les belles relations donnent, une subtilité de l’esprit entraînante, un certain art d’être féminine et d’enjôler avec un sourire irrésistible d’indifférence. Et Jean, à qui ces attraits exquis ne semblaient pas moins exigibles que les profonds, ne s’offusqua pas toutefois. Il rougit plutôt de lui-même, de ces caprices de nature superficielle. Il se ressouvint des reproches à Yvonne, des exhortations à la vie sérieuse, sincère, altière, puissante. Pourquoi alors, ce souci unique de la vanité, du brio, de la