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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/37

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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

qu’il vient de lui dire la confirme dans son inquiétude. Elle doit ne pas différer la confidence : plus celle-ci tardera, plus elle sera pénible. Pour que les reproches qu’elle attend soient moins rigoureux, elle va préparer son frère à la révélation de l’intrigue sentimentale. Une pensée lui surgit qu’elle accueille d’emblée : n’est-ce pas beaucoup la faute de Jean si elle est devenue moins familière avec lui ? L’étude ne l’a-t-il pas trop guindé ? Sa physionomie ne s’est-elle pas comme figée d’une couche de glace ? Ce n’est plus elle qui est blâmable d’avoir maintenu Jean loin de sa joie merveilleuse, comme il l’appelle, mais lui qui doit s’accuser d’avoir, par ses airs de philosophe, éloigné les effusions anciennes. Il est si intelligent que l’évidence va lui percer les yeux ! Aussi, lui répond-elle, insinuante et câline.

— Aurais-tu deviné juste, que tu ne peux me gronder ? Je me serais mariée que tu ne t’en serais pas même aperçu. On aurait fait le repas de noces le plus assourdissant que tu n’aurais rien entendu. Il n’y avait que l’étude, pour toi, cette année. L’autre jour, j’ai lu…

— Tu as eu le temps de lire ? Quel tour de force ! interrompit-il d’une voix légèrement ironique.

— Eh ! bien, je n’ai plus d’examens à passer,