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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/410

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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

Jean s’étonne du mutisme, de la pâleur de Lucile. Des secousses brusques remuent la poitrine de la jeune fille : elle a presque fermé son regard, le visage est comme rigide…

C’est qu’elle est étreinte par quelque chose d’inévitable, de dur. Un malaise accablant la tient. Comme elle est inférieure, comme elle est pauvre, comme elle est lointaine ! En cette minute, elle n’éprouve qu’une tension de volonté âpre…

De la douleur transperce Jean Fontaine : il s’épouvante à l’hypothèse de n’être pas aimé.

— Lucile, vous ai-je offensée ? dit-il, enfin, anxieux jusqu’à l’extrême.

— C’est le contraire, Jean…

— Mais alors ?… je… je…

— Vous m’élevez trop, je n’ai pas le droit, j’ai peur…

— Je vous admire, je vous aime d’être aussi délicate, mais il faut n’y plus songer, n’est-ce pas ?

— Je ne le peux pas !…

— Vous me croyez donc faux ?

— Ah ! Jean ! qu’est-ce que vous me dites-là ? dit-elle, un sanglot lui déchirant la gorge.

— Pardon, mon amie ! L’inquiétude me rend féroce ! Oubliez cela, je ne veux plus que ça vous fasse du mal !

— C’est impossible, je le sais ! Que cela me