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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/447

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XIV

ce que disait la flamme…


On vient d’apporter au logis des Bernard le merisier de chauffage et les vivres dont ils avaient tant besoin. Au moment où l’un de leurs voisins, inopinément, tomba chez eux comme un rayon chaleureux de la Providence, ils constituaient une famille alanguie par la misère, déchue jusqu’aux échelons extrêmes du délabrement, à la veille d’être étranglée par les spasmes de la faim. Ils étaient des gens si timides et si fiers, qu’ils avaient résolu de ne pas gémir devant leurs semblables et qu’ils se laissaient mourir, plutôt que de forfaire à leur serment de ne jamais implorer l’aumône…

Ils dépérissaient et s’engourdissaient tous, le père, la mère et les six enfants, ils se rapprochaient de l’agonie quand les voisins, d’une façon ou de l’autre, apprirent l’histoire lamentable. Tout près de la mansarde où elle avait eu lieu, parmi un essaim touffu de travailleurs, le docteur Fontaine occupait un bureau de pratique médicale. Depuis un mois, à travers les âmes des humbles, la confiance au jeune médecin gonflait, la rumeur des éloges éclatant vers lui gros-