Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/452

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et bonne. Elle s’est fortifiée, elle s’est épandue, elle est devenue profonde. La rumeur de sa chanson, de ses éclats d’ardeur n’est-elle pas triomphale ? Jean l’écoute d’un ravissement de tout lui même où se mêlent du rêve et de la méditation lucide. Ce qu’elle module ainsi, ce qu’elle exalte, en un rythme large et chaud, n’est-ce pas la résurrection à la vie de tout une famille de la race, le renouveau de l’amour et de l’ambition en l’âme d’un foyer ? C’est, par elle, par la générosité des frères, que renaissent le nimbe d’allégresse vibrant aux joues des petits, la flambée d’intelligence et d’amour dont pétille le sang du père, le brasier de tendresse revenu au cœur de la mère. Et n’est-ce pas elle encore, cette ivresse dont Jean tressaille, exulte, est consumé, l’ivresse d’accroître la vigueur, la beauté, la puissance, l’espoir de la race ? Il faut raviver l’énergie, l’orgueil de ces gens-là, pour qu’en déborde autant de force et de bonté que possible. Jean Fontaine longuement s’attache à la flamme intense aux yeux des garçons et des petites filles : qui peut deviner ce que fourniront à leur race les intelligences qu’on ranime, les cœurs dont on réchauffe l’élan vers l’effort, et la bonté ? Oh ! qu’il est heureux, Jean Fontaine, en face de la vie qu’il soutient, qu’il accélère, qu’il accumule,