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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/64

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paraît-il —, ce gilet svelte sous lequel un corps dodu palpite.

Le tissu gris pommelé se marie, d’une façon exquise, au visage vermeil encore tout chaud d’un massage frénétique. Au milieu des cheveux lustrés par l’huile et, polis comme des blocs sculptés d’ébène, une raie court avec une rectitude séduisante. Le front est un peu mesquin, mais si rose, de lignes si douces ! Une actrice convoiterait les sourcils d’un velours sombre et rare. Quand Lucien Desloges fait le relevé de ses charmes au miroir, il a le cœur bien triste d’offrir à tous un nez aussi peu classique. Ce nez s’épate volontiers la base, s’alourdit à la pointe extrême, et ce n’est pas joli, pus du tout gracieux. Il pardonne plus gaîment à sa mâchoire d’avoir trop de charpente. Mais l’amertume fond, dès qu’il médite sur la fascination de la bouche et des yeux. Ceux-ci, quelque chose de subtilement profond, d’insaisissable, tour à tour agonisants et frissonnants d’éclairs, ne peuvent que semer le vertige en l’âme des femmes qui s’y égarent. Pas une d’elles, d’ailleurs, n’a des lèvres plus ténues, plus soyeuses, mieux ondulées pour la caresse, que les siennes. La revue de ses forces de conquérant se termine par le défilé des sourires et des profils. Tourné vers la droite, le faciès enchante ; vers la gauche, il est plus irrésistible