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JEAN-ARTHUR RIMBAUD


Qu’il croie aux vastes fins, Rêves ou Promenades
Immenses à travers les nuits de Vérité,
Et t’appelle en son âme et ses membres malades,
Ô Mort mystérieuse, ô Sœur de charité !


À la suite de sa mésaventure sentimentale, Rimbaud, on le constate par ces vers, se prend, un instant, à désirer la mort. Ses allures s’accentuent d’amère étrangeté.

Puis, on le voit se promener à travers les rues de Charleville dans une tenue systématiquement négligée, la pipe à la bouche, les cheveux longs et en désordre. Son masque d’enfance assume une expression audacieusement narquoise : défi, sans doute, à sa timidité et à sa détresse !


De temps à autre, il fréquentait avec divers personnages républicains beaucoup plus âgés que lui, professeurs nouveaux du collège, journalistes ou autres grands hommes de province à prétentions artistes et bohèmes. Son ironie, devenue blasphématoire, s’amusait à étonner ces braves gens, qui l’admiraient, mais à qui, pourtant, il n’était pas sans causer quelque terreur. C’est le moment où son esprit est le plus exaspérément révolté. Et plus ses auditeurs lui