Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/179

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Nous citerons ici quelques strophes de ce poème, en soulignant les passages les plus objectifs. On y verra non seulement agir Rimbaud dans le monde littéraire, mais encore on l’entendra préciser le sens très pur, très large, qu’en opposition à son entourage luxurieux il donnait au mot Amour.


Dans un palais, soie et or, dans Ecbatane,
De beaux démons, des satans adolescents,
Au son d’une musique mahométane
Font litière aux Sept Péchés de leurs cinq sens…

Or, le plus beau d’entre tous ces mauvais anges
Avait seize ans sous sa couronne de fleurs.
Les bras croisés sur les colliers et les franges,
Il rêve, l’œil plein de flammes et de pleurs.

En vain la fête autour se faisait plus folle,
En vain les satans, ses frères et ses sœurs,
Pour l’arracher au souci qui le désole,
L’encourageaient d’appels de bras caresseurs :

Il résistait à toutes câlineries,
Et le chagrin mettait un papillon noir
A son cher front tout brûlant d’orfèvreries
Ô l’immortel et terrible désespoir !

Il leur disait : « Ô vous, laissez-moi tranquille ! »
Puis les ayant baisés tous bien tendrement
Il s’évada d’avec eux d’un geste agile,
Leur laissant aux mains des pans de vêtement.