Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/183

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suspect, qu’Arthur s’enivrait ; que ses ivresses causaient du scandale rue Campagne-Première, où il avait son domicile ; qu’il paraissait être en train de mal tourner ; que c’était grand dommage, et que sa mère, pour l’arracher aux mauvaises fréquentations, ferait bien de le rappeler au foyer de famille. Qui avait adressé cette lettre ? On ne le sut jamais, au juste. L’impression de Madame Rimbaud fut qu’elle émanait de son fils lui-même, dont l’amour-propre aurait cru déchoir à demander ouvertement les subsides nécessaires au retour par chemin de fer.

L’instinct maternel était-il en défaut ? Il faudrait croire que non, puisque, dès en possession des fonds contenus dans l’objurgatrice lettre écrite aussitôt par sa mère, Rimbaud, quittant la capitale avec bonheur, alla prendre le train à la gare de l’Est[1].

  1. Il existe plusieurs portraits du poète faits à l’époque de sa vie parisienne. Ce sont, d’abord, les deux photographies d’Étienne Carjat, tirées à peu d’heures de distance en la fin de 1871, dont l’une représente Rimbaud au calme, dont l’autre le montre excité. (Celle-ci a servi de document pour les dessins parus dans les Poètes maudits et les Hommes d’Aujourd’hui ; celle-là a été utilisée pour le dessin dans la Revue d’Ardenne et d’Argonne et reproduite au Rimbaud d’Ernest Delahaye). Puis, c’est une peinture d’après le vif, faite au commencement de 1872 par Fantin-Latour, dans son tableau du Coin de Table, tableau dont nous avons parlé plus haut et qui est, du reste, fort connu. Cette toile compte parmi les plus belles œuvres du maitre-peintre ; elle est la propriété, à cette heure, de M. Émile Blémont, l’un