Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/192

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Lélian eut, à la vérité, un premier mouvement raisonnable et mit l’objet réclamé sous enveloppe, se disposant ainsi à l’expédier. Pour quelles raisons n’alla-t-il pas jusqu’à le confier à la poste et revint-il, de cette façon, sur son premier mouvement ? Nous ne saurions rien affirmer sur ce point. Devons-nous supposer que de garder ce manuscrit apparut soudain à Verlaine comme le plus sûr moyen de se ménager encore des rapports avec Rimbaud ? Pensa-t-il que, la chose étant destinée à être imprimée à Paris, il n’était pas utile de la retourner à Charleville, où une colère de l’auteur pourrait la détruire ? Toujours est-il qu’au lieu de renvoyer la Chasse spirituelle, il posta à son ami des lettres atermoyantes, lettres cordiales, trop cordiales, où se lisaient des serments de ne plus donner prise au grief qui les avait séparés et de se conduire désormais envers Rimbaud de la façon dont celui-ci, sévèrement, l’entendait c’est-à-dire sans que jamais déviassent en de la saleté charnelle leurs rapports d’esprit à esprit, d’âme à âme. Il joignait à ces lettres des vers devant figurer plus tard aux Romances sans Paroles, vers se soumettant timidement à la nouvelle technique de Rimbaud et qui sont, en dépit de la méprise volontaire des mots, très évocateurs, très démonstratifs même, du dif-