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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

Bourbon. Ses seize ans viennent d’assister à l’agonie de la Commune. Son âme est pleine du spectacle tumultueusement tragique de cette insurrection ouvrière ; son esprit bouillonne dans un rève de fraternité universelle ; son cœur se fond de sympathie pour le peuple. Il recherche dans son passé les signes précurseurs de la démocratique tempête d’amour qui le secoue tout en ce moment, et, non sans les mettre d’accord avec sa mentalité actuelle, il les précise par cette eau-forte si fouillée :


LES POÈTES DE SEPT ANS[1]


Et la Mère, fermant le livre du devoir,
S’en allait satisfaite et très fière, sans voir,
Dans les yeux bleus et sous le front plein d’éminences,
L’âme de son enfant livrée aux répugnances.

Tout le jour, il suait d’obéissance ; très
Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits
Semblaient prouver en lui d’acres hypocrisies.
Dans l’ombre des couloirs aux tentures moisies,
En passant il tirait la langue, les deux poings
À l’aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.

  1. M. Georges Izambard, en note à un article paru dans le tome XXIV de Vers et Prose, prétend que cette pièce a été écrite chez lui, à Douai, en septembre ou octobre 1870. Il faut être dénué de toute poétique, de toute psychologie, pour venir affirmer — et dans quel but ! — que ce sont là des vers contemporains de Ma Bohème ou du Dormeur du Val.