Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/211

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Madame Rimbaud n’était pas femme à remettre au lendemain ce qu’il ne lui paraissait pas impossible de faire le jour même elle n’était femme non plus à charger volontiers les autres de ses commissions. Aussitôt la lecture de la lettre, elle alla confier la garde de ses filles aux chanoinesses du Saint-Sépulcre, qui les avaient déjà dans leur institution comme demi-pensionnaires, et elle partit pour Paris.


Sa première visite fut pour la mère de Verlaine, dont Arthur lui avait donné l’adresse. Elle se trouva en présence d’une femme plongée, comme elle, dans la détresse cordiale. La sympathie s’établit aussitôt. Toutes deux n’étaient-elles pas de semblable origine, et n’avaient-elles pas, l’une et l’autre, épousé un militaire ? On causa. On fit ses réciproques doléances. Madame Rimbaud reprochait à Verlaine d’être, par ses appels incessants, la cause des dérangements actuels de son fils. Puisque la liaison des deux jeunes gens causait du désordre et du chagrin dans les familles, il appartenait au plus âgé, à Verlaine par conséquent, d’être le plus raisonnable, de rompre et de se rendre compte qu’en définitive et du point de vue de la loi, en excitant la passion d’Arthur pour les voyages