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se tuerait. On connaît le cœur de Rimbaud. Sûr d’avance que la jeune dame Verlaine ne viendrait pas au rendez-vous, et craignant qu’alors l’époux, dans une crise d’exaltation, se livrât à l’extrémité annoncée ou à toute autre aussi funeste[1], il posta deux lettres au fugitif pour l’engager, soit à revenir à Londres, soit à lui fournir les moyens d’aller le rejoindre à Bruxelles. Il voulait, cela éclate d’évidence, protéger Verlaine contre lui-même.

Arrivé à Bruxelles, le Pauvre Lélian y rencontra seulement sa mère. Sa femme, bien entendu, avait refusé de venir ; et il en fut affreusement déçu. Pourtant, la maman, dans le désir de ramener son fils avec elle à Paris, essayait de lui rendre de l’espoir.

À la poste, il trouva les lettres de l’abandonné, et lui télégraphia aussitôt de venir le retrouver à l’hôtel de Courtrai, rue des Brasseurs.

Rimbaud arriva le mardi 8 juillet.


Quand le souverain poète des Illuminations

  1. Dans une lettre de Verlaine à M. Lepelletier, lettre datée de Londres, on lit ce passage :

    Il y a bien l’enfant aussi que l’on voudrait m’escamoter, et qu’en attendant on cache à ma mère qui n’en peut mais ; pour ça, comme c’est un délit atroce, point je pense ne m’est besoin de m’en remettre à autre chose qu’aux justices humaine ou divine. De cette dernière, s’il le faut, je serai le bras provoqué…