Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/253

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Jean ; le retour à l’hôtel, où Verlaine et sa mère proposèrent au blessé de rester avec eux ou de retourner à l’hôpital à leurs frais jusqu’à guérison complète le refus de Rimbaud, sa volonté persistante de s’en aller, non à Paris, maintenant qu’il avaitune balle dans le poignet et le bras en écharpe, mais dans les Ardennes, auprès des siens la nouvelle crise de désespoir de Verlaine ; les vingt francs donnés toutefois par Madame Verlaine mère à l’ami si indulgent de son fils, et leur acheminement à tous les trois vers la gare du Midi.

Chemin faisant, le Pauvre Lélian, qui nonobstant ne parvenait à se résigner à la séparation, tentait toujours, par les arguments crus les mieux capables de toucher le poète des Illuminations, de le retenir. Devant Rimbaud inébranlable, son exaltation croissait, croissait… Par quelle aberration, après la scène de l’hôtel, avait-il remis et gardé le revolver armé dans sa poche ? Sa main droite le soupesait sans trêve, machinalement sans doute… Place Rouppe, sous l’empire d’une nouvelle folie homicide, il se détache soudain du groupe, fait rapidement quelques pas en avant et, revolver au poing, revient brusquement sur Rimbaud qui, pris de peur cette fois, s’enfuit, poursuivi par le forcené, et va se réfugier près d’un agent de police