Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/264

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mouvoir les êtres de son monde, à lui, ne servent de rien. Et « l’odeur de l’encens » lui revient toute « puissante ». Il retourne en arrière, dans sa vie : il se voit communiant mystique, ravi dans les graves beautés de l’Évangile et dans les magnificences de la liturgie catholique. Après avoir vécu la vie littéraire, cet enfer, cette vie factice de « saltimbanque, mendiant, artiste, bandit » ; après avoir connu toute la poésie, toute I’idéologie, après les avoir recréées après avoir rêvé de posséder toutes les impressions possibles et impossibles, il songe à se faire prêtre, « gardiendes aromates sacrés, confesseur, martyr » … Prêtre. Être prêtre ! Ne serait-ce pas la voie dans laquelle les trois rois de sa vie, son cœur, son âme et son esprit, pourraient sans vanité opérer les miracles que le torrent de son impulsion créatrice, filtré par le malheur, lui commande encore ? Mais son « mauvais sang » bouillonne et ricane de révolte à cette idée :


Je ne me crois pas embarqué pour une noce avec Jésus-Christ pour beau-père, — dit-il. — Je ne suis pas prisonnier de ma raison. J’ai dit : Dieu. Je veux la liberté dans le salut[1].).

  1. Une Saison en Enfer.