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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

furent-ils redevables à Arthur de récompenses reçues de leurs parents ou de leurs maîtres Il semble que le spectacle de leur joie lui échut souvent en compensation des sévérités de sa propre famille.

Ses professeurs de lettres, à l’encontre de ceux de sciences, lui portaient beaucoup d’intérêt quoiqu’il eût, une fois, Virgile l’occupant, varié un debellare superbos de fin de vers en degueulare superbos, cela pour la plus grande joie de la classe et impunément, car le professeur était sourd. Il faisait leur orgueil, à ces pédagogues ! « Rien de banal ne germe en cette tête — disait M. Desdouets, le principal du collège — ce sera le génie du mal ou du bien. » Quand on aura pénétré plus avant dans le présent ouvrage, on verra que cette prédiction aux termes prudhommesques s’accomplit, mais modifiée de distinction courante en rare et superbe synthèse, etque Rimbaud ne devait être spécialement ni le génie du mal, ni le génie du bien, mais le Génie tout un, c’est-à-dire un esprit créant sur un plan moral différent et au-dessus du nôtre.

Et le souvenir demeure, et demeurera longtemps dans les Ardennes, de l’extraordinaire facilité d’assimilation de cet écolier et des triomphes qu’il remporta et fit remporter à son collège,