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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

justificateur ; et la preuve nous en paraissait résider dans ceci, qu’il arriva sans le sou dans la capitale. Aujourd’hui, une publication d’autographes de Rimbaud, publication illicite mais heureuse pour l’établissement de la vérité, vient mettre les choses au point. Et il faut croire, d’après la lettre à M. Izambard qu’on lira plus loin[1], que le fugitif n’avait pas tiré de la vente de sa clinquante librairie la somme suffisante pour payer le trajet jusqu’à Paris, puisqu’il se trouva, en descendant du train, redevable de treize francs envers la compagnie du chemin de fer.

Aussitôt sur le quai de la gare du Nord, comme il n’avait pas de ticket valable à présenter, il fut mis par les employés entre les mains de la police. Sa fierté native, son exaltation républicaine du moment lui firent prendre de haut la chose. On le traitait de « gamin », de « morveux ». Il répondit par des injures et des menaces révolutionnaires à l’adresse des représentants de l’autorité impériale. Ceux-ci l’arrêtèrent. Et c’est au dépôt de la Préfecture de police, parmi les mendiants, les vagabonds, les souteneurs et les voleurs, qu’il alla rêver à la chute de l’Empire.

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