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Page:Berthet — La tour du télégraphe, 1870.pdf/89

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LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

— Oh ! madame la marquise, vous savez… les frères, d’habitude, ne gâtent guère leurs sœurs de compliments.

— À qui le dites-vous ? réplique Fanny en riant. Eh bien ! Lucile, je retourne au Château-Neuf ; vous viendrez m’y voir, n’est-ce pas ? Je m’y ennuie tant !… Il faut que vous me promettiez…

En ce moment une voix forte et bien timbrée s’éleva dans la pièce qui servait de classe. Quelqu’un venait d’entrer brusquement.

— Bonjour, madame Fleuriot ! bonjour, la marmaille ! disait-on avec rondeur. Comment va mademoiselle Lucile ? Comment va Fleuriot ?… Les affaires me réclament ; mais je m’invite àà souper ce soir avec la famille. Voici du gibier que j’ai tué en route et qui se recommande à vous, bonne maman Fleuriot… Je me suis arrêté ici pour vous le remettre, quoique mon devoir fût de monter tout d’abord au télégraphe, afin de surprendre les employés et de constater les infractions possibles au règlement… Mais le devoir peut attendre, le dîner jamais !

Et un joyeux éclat de rire termina cette allocution.

Fanny demeurait attentive, ne comprenant pas qui pouvait parler avec tant d’assurance. Lucile était devenue rouge de surprise, peut-être de plaisir.

— C’est M. Georges Vincent ! dit-elle.

— Eh ! qu’est-ce que M. Vincent, ma chère ?

— L’inspecteur du télégraphe… Il passe ainsi tous les mois pour payer les employés et pour s’assurer que le service se fait avec exactitude. C’est un joyeux et excellent jeune homme.

— Il me semble, mademoiselle, qu’il est au mieux avec toute la famille ?

— En effet, répliqua Lucile en rougissant plus fort, il est notre ami.

— Mais alors, demanda Fanny avec vivacité, il doit connaître la découverte de votre frère ?