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Page:Bertrand, Gaspard de la nuit, 1895.pdf/60

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pourpre de deux poissons captifs aux humides flancs d’un bocal.

Les battants de la porte roulèrent : c’était un marchand fleuriste qui, les bras chargés de plusieurs pots de tulipes, s’excusa d’interrompre la lecture d’un aussi savant personnage.

— « Maître, dit-il, voici le trésor des trésors, la merveille des merveilles, un oignon comme il n’en fleurit jamais qu’un par siècle dans le sérail de l’empereur de Constantinople !

— Une tulipe ! s’écria le vieillard courroucé, une tulipe ! ce symbole de l’orgueil et de la luxure qui ont engendré dans la malheureuse cité de Wittemberg la détestable hérésie de Luther et de Mélanchthon ! »

Maître Huylten agrafa le fermail de sa