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Page:Bertrand - Arago et sa vie scientifique.djvu/39

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croissante de ses expressions. Sa parole, dont il aurait craint d’affaiblir la vigueur par une trop scrupuleuse correction, s’élançait, irrégulière parfois, mais toujours riche, facile et impétueuse, et, comme irritée par un obstacle, affirmait les grandes vérités de la science avec tant de force, les enchaînait avec tant d’ordre ; redoublant incessament ses efforts, joignait avec tant de précision et d’abondance les affirmations les plus pressantes aux images les plus vives et aux comparaisons les plus persuasives montrait une émotion si visible et si vraie ; rassemblait tant de lumière autour des régions profondes et inaccessibles, que l’auditoire ébloui, étonné, entraîné, captivé, et enlevé à lui-même par une sorte de violence, croyait, pour quelques instants au moins, en avoir acquis l’intelligence et la claire vue. L’impression était produite sur tous, aussi durable que forte. Cette exposition, superficielle en apparence, jetait de profondes racines, et ceux qui pouvaient aller plus avant y puisaient à la fois la confiance et l’ardeur.