Page:Bertrand - Arago et sa vie scientifique.djvu/49

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« J’ai lu quelque part que certain personnage se lamentait un jour devant d’Alembert de ce que l’Encyclopédie avait acquis une si vaste étendue. Vous auriez été bien plus a plaindre, repartit le philosophe, si nous avions rédigé une Encyclopédie négative (une Encyclopédie contenant la simple indication des choses que nous ignorons) ; dans ce cas, cent volumes in-folio n’auraient certainement pas suffi.

« La réponse, je l’avouerai, m’avait paru jusqu’ici plus piquante que juste. Les progrès des connaissances humaines nous montrent, chaque jour, il est vrai, combien nos prédécesseurs étaient ignorants, combien à notre tour nous le paraîtrons à ceux qui doivent nous remplacer ; mais la plupart des grandes découvertes arrivent spontanément, sans qu’il ait été donné a personne de les prévoir, de les soupçonner. Ainsi, pour citer seulement trois ou quatre exemples, l’Encyclopédie négative de d’Alembert n’aurait pas même renfermé l’allusion la plus éloignée à cette branche de la phy-