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Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/119

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recommandations de Voltaire, les conseils ou les ambitions de Condorcet, de Marmontel, de Laharpe, de Turgot ou de Diderot, les préférences de Mlle de Lespinasse et les amitiés de Mme Geoffrin dirigeaient sa résolution. Lorsqu’il l’avait prise, il aimait à vaincre, comme à tout jeu chacun désire gagner la partie. Appelé à choisir entre Coetlosquet et Trublet, entre Louis de Rohan et Radonvilliers, entre Loménie de Brienne et Roquelaure, entre le prince de Beauvau et Gaillard, entre Brequigny et l’abbé Arnaud, il faudrait, avant d’accuser son impartialité, revoir, soyons franc, et disons voir, soyons plus franc encore, et disons découvrir les pièces de ces procès, obscurs aujourd’hui, jadis si émouvants.

La correspondance très active entre d’Alembert et Voltaire roulait souvent sur les affaires académiques. Les deux amis, habituellement d’accord, se font volontiers des concessions. On a beaucoup blâmé l’une d’elles. D’Alembert a prêté à Voltaire tous les efforts de son zèle pour écarter de l’Académie le président Debrosses, dont le livre charmant, alors inédit, il faut le remarquer, occupe dans la bibliothèque des gens de goût une place dans laquelle aucun de ses concurrents, si leurs œuvres existaient encore, ne serait aujourd’hui toléré.

Voltaire avait été le locataire du président. Se croyant tout permis, je veux dire se croyant seul juge de ses droits, il avait fait couper pour son usage quelques cordes de bois, sans en avoir nul droit, puisqu’il faut parler net. Le président, alléguant la