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Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/147

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D’Alembert avait concouru en 1745 et obtenu un prix à l’Académie de Berlin. L’épigraphe du mémoire était une louange assez insignifiante adressée à l’illustre monarque, habilement tournée en vers latins, sans platitude et sans emphase. Le mémoire fut admiré par l’Académie, l’épigraphe remarquée par Frédéric.

Maupertuis, quelques années plus tard, voulait quitter Berlin, mal portant, malade, mourant peut-être de la diatribe du Dr Akakia. La situation pour lui était moralement amoindrie. Les flèches de Voltaire étaient empoisonnées et les blessures incurables. Malgré la protection très ferme et l’indignation très sincère du roi contre Voltaire, Maupertuis, d’autant plus sensible qu’en frappant beaucoup trop fort, la diatribe avait touché très juste, avait perdu toute autorité morale. Élevé trop haut naguère, il était précipité trop bas. Son importance académique était détruite.

Le roi fit offrir à d’Alembert, avec des avantages considérables, la présidence de son Académie. C’était en 1752. D’Alembert était pauvre ; les dispensateurs des pensions et des faveurs en France n’étaient pas alors et ne furent jamais ses amis. Il ne pouvait espérer dans l’avenir ni la fortune ni l’aisance. Il refusa pourtant sans hésiter. Les instances redoublèrent sans l’ébranler.

Aucune analyse ne peut remplacer les lettres échangées, réellement belles, parce qu’elles sont sincères et qu’aucun mot n’en est démenti par la vie