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Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/16

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nesse et sœur du futur cardinal-archevêque de Lyon. Nous n’avons ici qu’à nous détourner d’elle.

Désireuse avant tout d’éviter le scandale, elle ne demandait à l’enfant, s’il vivait, que de ne pas faire parler de lui. Cédant cependant aux instances de Destouches, elle lui donna, quoique à regret, le moyen de retrouver le pauvre abandonné.

Destouches ne cessa jamais de veiller sur lui. Lors de sa mort en 1726, l’enfant, âgé de neuf ans, laissait prévoir déjà ce qu’il serait un jour. On l’avait placé dans un pensionnat du faubourg Saint-Antoine, celui de Bérée, où Mme Rousseau, son excellente nourrice, passait pour sa mère et méritait ce titre par son empressement, sa tendresse et son orgueil d’avoir un tel fils. Jean Lerond profita beaucoup des leçons de Bérée, qui, dès l’âge de dix ans, déclarait n’avoir plus rien à lui apprendre.

Destouches en mourant ne laissa son fils ni sans ressource, ni sans appui : il lui léguait 1 200 livres de rente et le recommandait à l’affectueuse protection de son excellente famille. C’est par l’influence des parents de son père que d’Alembert, à l’âge de douze ans, toujours sous le nom de Lerond, fut admis au collège des Quatre-Nations. C’était une grande faveur.

Ce collège, fondé par la volonté du cardinal Mazarin, ne recevait que des boursiers choisis par la famille du cardinal, fils de familles nobles, s’il était possible, et originaires de l’une des provinces récemment annexées à la France. Jean Lerond y fut admis comme gentilhomme.