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Page:Bertrand - Sanguis martyrum, 1918.djvu/106

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III

DANS LES MINES DE SIGUS

Cécilius avait quitté Birzil dans la région des lacs, à l’endroit où la route de Lambèse se détachait de la route de Sigus. Tandis que la jeune fille descendait vers le Calcéus, il s’acheminait vers les mines en très simple équipage, à cheval, avec une escorte de quatre serviteurs seulement.

L’approche du crépuscule enveloppait d’une ombre de tristesse les grandes plaines dénudées. Un ciel violacé, obscurci de gros nuages, pesait sur des montagnes noires comme de l’ébène, qui, avec leurs entassements de rochers pareils à des tours et à des coupoles, se déployaient en une interminable muraille de forteresse. Au bas des montagnes funèbres, l’eau morte des lacs se plombait sous les reflets du couchant. De loin en loin, immobiles et l’air maléfique, des cigognes se tenaient sur une patte, au bord de cette eau lourde qui, dans ses noirceurs, semblait éteindre les rayons épars et les images des choses. Aux arrière-plans brumeux des steppes, on distinguait des tentes, des hommes, des troupeaux qui bougeaient vaguement. Mais tout cela se perdait dans l’immensité uniforme.

Avec le beau détachement du propriétaire romain qui possède des domaines vastes comme des royaumes, le principal fermier de Sigus n’avait jamais daigné y venir.