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Page:Bertrand - Sanguis martyrum, 1918.djvu/66

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IV

LA FOIRE DE CIRTA

Le lendemain matin, sous un gai soleil de mai, la ville était en liesse. C’était l’ouverture de la foire printanière. Des contrées avoisinantes et même de la région montagneuse de l’Atlas, les paysans et les petits propriétaires affluaient à Cirta. Ils venaient faire leurs achats pour la moisson. Très habilement, Cyprien et son collègue Crescens avaient profité de ce grand concours de peuple pour convoquer en concile les évêques de Numidie. Les prélats seraient perdus dans la presse des chalands et des visiteurs.

La foule se pressait vers la porte de Lambèse et se répandait sur le plateau dénudé qui domine l’entrée des gorges, en face de la ville. Il y avait là un marché, vaste cour rectangulaire encadrée d’un portique, avec les échoppes aménagées au fond de la cour, dans un hémicycle, qu’on entrevoyait derrière les colonnes. Au centre, à fleur de sol, s’étalait un bassin, où coulait l’eau d’une fontaine entourée d’abreuvoirs. Sous l’arcade centrale donnant accès à l’hémicycle, se dressait une statue en toge, celle d’un certain Julius Félix, aux frais de qui l’édifice avait été construit. On pouvait lire, en belles lettres rouges, sur le socle de la statue, le texte du rescrit impérial autorisant « les gens d’alentour et les étrangers