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Page:Bessette - Le débutant, 1914.djvu/119

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le débutant

saires. Il profita de son triomphe pour affirmer les droits de l’état en matière d’éducation et préconiser, en même temps, une législation garantissant plus de liberté et plus de justice à tous les citoyens qui, riches ou pauvres, grands ou petits, catholiques, protestants ou libres-penseurs devaient être tous égaux devant la loi. Les feuilles dévotes firent grand bruit autour du débat fameux, tandis que les organes ministériels, redoutant de se compromettre, n’osaient trop rien dire. Au Club National, où Paul Mirot et Jacques Vaillant défendirent courageusement l’attitude du ministre, on commençait à trembler. Quelques manifestations, habilement organisées à droite et à gauche, et dont on exagéra l’importance, suffirent pour effrayer le troupeau sans convictions, ceux qui ne considéraient que les avantages du pouvoir.

Il y eut une seconde réunion du cabinet, et, malgré l’avis de Vaillant, qui soutenait que la victoire était gagnée si le ministère se montrait ferme et résolu, ses collègues se rallièrent à l’opinion de l’honorable Troussebelle, pontifiant sans cesse depuis qu’il avait été nommé conseiller législatif et ne cessant de poser au diplomate en prêchant la conciliation de tous les intérêts et de tous les partis. Les élections allaient avoir lieu l’année suivante, il fallait ménager tout le monde, ne froisser aucune susceptibilité, pour s’assurer une majorité considérable. Le ministre des Terres, qu’on avait poussé de l’avant, eut beau prétendre qu’il n’était plus temps de reculer, que le gouvernement, serait battu aux prochaines élections, s’il mécontentait ses vrais partisans, n’ayant rien à espérer des autres, désormais, on ne voulut pas l’entendre. Ne pouvant, répudier les déclarations qu’il avait faites devant la Chambre, il comprit qu’on le sacrifiait. Aussi, s’empressa-t-il de remettre son porte-

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