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Page:Bessette - Le débutant, 1914.djvu/127

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le débutant

millionnaire, qui, malgré ses coûteuses et fréquentes fredaines, parvenait à peine à dépenser son revenu. Elle était née à Los Angeles, Californie, dans ce paysage ensoleillé de la côte du Pacifique, dont elle avait gardé le reflet dans ses yeux et les rayons d’or dans la chevelure. Son père, le capitaine James Marshall, du 12th Regiment des U. S. Rifles, envoyé en garnison dans le Sud, avait épousé une superbe créole qui lui donna, au bout d’une année de mariage, la petite Flora. Dans ce merveilleux climat, quasi oriental, la fillette grandit en liberté, courant les jambes nues sous les orangers. À seize ans, elle était déjà complètement formée. C’est à cette époque de son adolescence que son père, envoyé aux Philippines au début de la guerre Hispano-Américaine, fut tué à la tête de sa compagnie. L’oncle Jack Marshall recueillit la veuve et l’orpheline, qui n’avaient plus pour vivre qu’une modeste pension de l’État. Lorsque sa mère mourut, emportée en quelques jours par une pneumonie contractée dans l’humidité de cette grande ville de fer et de ciment, à laquelle la créole, fleur des climats chauds, ne put jamais s’habituer, Flora avait vingt ans. Comme cette grande fille gênait parfois le millionnaire, grand amateur de beau sexe, qui réunissait à sa somptueuse résidence de la Fifth Avenue, les plus jolies actrices du Madison Square Garden, et quelques intimes, en des banquets de pie girls, il l’envoya terminer ses études à l’Université McGill, de Montréal, dont elle suivait les cours depuis deux ans.

À quelques temps de là, les rédacteurs du Flambeau furent invités à accompagner les membres de la Société des Chercheurs, à la réserve iroquoise de Caughnawaga, où ces messieurs, que la vue d’un vieux clou couvert de rouille, qu’ils croient historique, fait tomber en extase, se rendaient un dimanche,

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