Page:Bessette - Le débutant, 1914.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
le débutant

visitaient les campagnes environnantes ou bien descendaient le fleuve Saint-Laurent en bateau, exploraient la jolie rivière Richelieu, jusqu’au lac Champlain. Quant à Paul Mirot, il profitait de ses journées de liberté pour travailler à la préparation d’un livre, dont l’idée lui était venue, en causant avec Simone du rôle social de la femme, et qu’il comptait publier l’hiver suivant.

La saison des chaleurs arrivée, malgré la hâte qu’il avait de compléter cette œuvre sur laquelle il fondait de grandes espérances, Paul commença à éprouver une sensation de lassitude qui le faisait s’arrêter des heures sur un feuillet à demi griffonné. Depuis deux ans qu’il était à Montréal, il n’avait pas pris de vacances, et il sentait le besoin d’aller passer quelques jours à la campagne pour se reposer de ses fatigues. Justement, une occasion se présenta. Cette année là, les habitants de Mamelmont avaient décidé de célébrer d’une façon grandiose la fête, nationale des canadiens-français. Le député de Bellemarie, spécialement invité à cette fête, se trouvant dans l’impossibilité de s’y rendre, pria Mirot d’aller présenter ses regrets à ses fidèles électeurs et d’assumer en même temps la tâche de faire le discours de circonstance. Un enfant de la paroisse, ça fait toujours bien dans le tableau. La date du vingt-quatre juin tombait à merveille, c’était un lundi. Le jeune homme pourrait donc demeurer jusqu’au vendredi chez l’oncle Batèche, qui ne serait pas fâché de l’entretenir longuement de son projet de culture de la betterave, qu’il nourrissait toujours sans jamais parvenir à le réaliser. Et la tante Zoé lui ferait manger des omelettes au lard et de ces bonnes crêpes qu’il aimait tant, quand il était petit.

La perspective de passer quelques jours de fainéantise dans la vieille maison, là-bas, de coucher de nou-

155