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Page:Bessette - Le débutant, 1914.djvu/171

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le débutant

che fut endormi, pieds nus, elle se rendit auprès de Paul, sans faire de bruit, et elle lui apparut comme une vision de rêve dans un rayon de lune.

Le mercredi, le soleil se leva éblouissant et incendia l’atmosphère. Dans la matinée, malgré une chaleur accablante, on alla se promener dans les champs où l’on commençait la fenaison. On respirait à pleins poumons l’agréable et vivifiante odeur de foin coupé. L’oncle Batèche se moqua de son voisin, qui était à faucher une grande pièce de mil, prédisant de l’orage à brève échéance. Quant à lui, il attendrait que la température se soit remise au beau fixe pour récolter son foin dans d’excellentes conditions. Vers les quatre heures de l’après-midi, on décida d’aller pêcher la perche et le crapet dans le ruisseau Bernier, situé à quelques arpents de la maison, sur le bord de la rivière. L’oncle Batèche accompagna son neveu et Simone. L’endroit était charmant, ombragé de feuillage rempli d’oiseaux. Parmi les nénuphars et les ajoncs émergeant de l’eau, montait le croassement espacé et monotone des grenouilles. Pas la moindre brise ne venait tempérer la chaleur écrasante du jour. Les deux hommes tirèrent à l’ombre la chaloupe qu’ils avaient empruntée à un voisin et tous trois tendirent leurs lignes. Ça mord pas, dit après une demi heure de silence attentif, le vieil homme. Et pour distraire la jolie compagne de son neveu, il lui raconta des histoires de son jeune temps. Un jour, il s’était déguisé en loup-garou pour faire peur à son voisin François, qui courtisait la Maritaine en même temps que lui, et se vantait partout de lui faire manger de l’avoine. Le pauvre garçon avait failli en crever de frayeur. Puis il lui parla de feux-follets, de chasse-galeries, d’un malheureux qui avait vendu son âme au diable et que le curé arracha des griffes de Satan. Bref, il lui donna une

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