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Page:Bessette - Le débutant, 1914.djvu/187

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le débutant

demander au nommé Sarrasin combien il avait élevé de cochons au cours de sa brillante carrière, pas plus que de mettre en doute sa compétence dans la direction d’une basse-cour, parce que cela n’avait aucun rapport avec les devoirs d’un député, collaborant à l’administration des affaires publiques et à la confection des lois. Puis, il s’appliqua à démontrer plaisamment à ses auditeurs ce qui arriverait s’ils élisaient cet homme aussi ignorant que piètre orateur. La Chambre était déjà trop encombrée de ces nullités ne sachant remplir leur siège qu’en s’asseyant dessus, sans jamais desserrer les lèvres tout le temps que durait la session. On citait, entre autres, le fameux Prudent Poirier, le député de la division Sainte-Cunégonde, qui, au cours du dernier Parlement, n’avait jamais ouvert la bouche que pour dire à son voisin, un irlandais : Come have a drink ! C’est ce même député qui répondait un jour à un de ses électeurs menacé de cour d’assises, que le grand jury pouvait rendre un verdict de quatre manières différentes : True Bill, No Bill, Buffalo Bill et Automo Bill. C’est d’une façon aussi stupide que répondrait le gros Boniface, si on lui demandait un renseignement dans un cas semblable. Et, comment supposer qu’un Sarrasin ou un Poirier, le premier bon tout au plus pour la galette, le second excellent pour les poires, puisse toujours voter en faveur des bonnes mesures, puisque ni l’un ni l’autre n’était en état de comprendre les projets de loi soumis à la Chambre. De tels députés sont non seulement inutiles, mais deviennent quelquefois dangereux. Et il en donna un exemple des plus récents. Le vertueux conseiller législatif dont vous avez admiré comme moi la piété, il y a un instant, dit-il, lorsqu’il était ministre, ressemblait quelque peu à ces dévotes confondant — oh ! bien involontairement

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