Page:Bessette - Le débutant, 1914.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
le débutant

s’y trompa. Les âmes soumises et craignant l’enfer, qui étaient pour Vaillant, se tournèrent contre lui. Ceux qui manifestèrent quelque hésitation, furent vite circonvenus par leurs pieuses épouses.

L’honorable Troussebelle et ses amis sûrs qu’ils étaient maintenant les plus forts, ne mirent plus de bornes à leur fureur contre l’ancien député du comté, dont ils voulaient empêcher la réélection. Le docteur Montretout était arrivé de la veille à Saint-Innocent, chargé de munitions de guerre, c’est-à-dire de dollars puisés dans la caisse électorale mise à la disposition des amis de la bonne cause. Durant les derniers huit jours au cours desquels devait se décider le sort des candidats, il avait reçu instruction de corrompre tous ceux qui se montraient indécis dans leur choix, sur la clôture, selon le terme consacré. Solyme Lafarce, toujours en grande faveur au Populiste, l’accompagnait, ainsi qu’Antoine Débouté, embauché par L’Éteignoir, après avoir eu maille à partir avec Jean-Baptiste Latrimouille, à cause de son incurable paresse. La colique constante dont souffrait Débouté, ennemie irréductible de son esprit juridique, le rendait presque inoffensif. Mais il n’en était pas ainsi de Lafarce, cherchant sans cesse la sensation et le scandale.

Dans la division Saint-Jean-Baptiste, à Montréal, l’amant de cœur de la plantureuse May, avait préparé des coups pendables contre la candidature de Marcel Lebon. C’est lui, par exemple, qui eut l’idée d’expédier à tous les électeurs de la division un numéro de La Fleur de Lys, dans lequel Pierre Ledoux fulminait contre la franc-maçonnerie, après avoir écrit au bas de l’article, au crayon bleu, le nom de l’ancien rédacteur en chef du Populiste, avec cette note explicative : On dit qu’il en est. Les cabaleurs

190