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Page:Bessette - Le débutant, 1914.djvu/200

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le débutant

aux amis, de moins en moins nombreux dans la salle après chaque mauvaise nouvelle reçue. À sept heures et demie, lorsqu’on eut le résultat du vote dans toutes les paroisses du comté, Vaillant et Mirot restèrent seuls avec un jeune homme du village qui agissait, depuis le commencement de la lutte, comme secrétaire du comité de Saint-Innocent. Ce résultat était accablant. Boniface Sarrasin, commerçant de volailles, complètement détraqué depuis la retraite prêchée par les Pères du Rédempteur dans sa paroisse, battait son adversaire, ancien ministre, par une majorité de plus de cinq cents voix. L’honorable Vaillant avait prévu la défaite, mais il ne s’attendait pas à un écrasement. Aussi, eut-il une seconde de défaillance morale. Une larme brilla dans son regard clair, et tendant la main à son lieutenant fidèle, il lui dit :

— Mon jeune ami, je suis bien malheureux !

Il resta à son poste, cependant, pour attendre les dépêches donnant le résultat des élections dans toute la province. Ce furent les nouvelles de Montréal que le télégraphe apporta les premières. Dans la division Saint Jean-Baptiste, le notaire Pardevant triomphait avec une majorité de plus de mille voix. La défaite de Marcel Lebon était encore moins humiliante que celle de Prudent Poirier, défait par le mutualiste Charbonneau, dans la division Sainte-Cunégonde, qui avait donné une majorité de deux mille huit cents voix au candidat ouvrier. Cette nouvelle fut une consolation pour le vaincu de Bellemarie. Au moins, un sur trois triomphait. À onze heures, le résultat final était connu. La prédiction de l’ancien ministre des Terres de la Couronne s’était réalisée aux trois quarts. Le gouvernement se maintenait au pouvoir, mais seulement avec une majorité de quelques sièges. Le recomptage des bulletins, les demandes en invalidation

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