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Page:Bessette - Le débutant, 1914.djvu/204

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le débutant


viii

LA LITTÉRATURE NATIONALE




Le Dimanche cessa de paraître après les élections, faute d’argent. Du reste, l’honorable Vaillant, retiré de la politique active, n’avait plus besoin de journal pour le défendre. Il venait de partir pour un long voyage à travers l’Europe, ayant besoin de repos et de distractions après avoir vu s’anéantir l’œuvre qu’il avait édifiée péniblement, au prix de longues années de travail incessant. Quant à Jacques Vaillant, à demi gagné par les cajoleries de sa femme, la séduisante Flora, il songeait à aller s’établir à New-York, où Uncle Jack lui offrait une très jolie situation. Et Paul Mirot, dont le talent était, quand même, hautement apprécié, entra comme assistant rédacteur en chef à L’Éteignoir, à la condition qu’il ne signerait pas ses articles — son nom seul étant par trop compromettant — qui devaient être écrits dans l’esprit du journal. Cette condition, il l’accepta plutôt avec plaisir. Signer ses articles, il n’y tenait guère, puisqu’il était condamné à jouer le rôle de machine à écrire pour gagner tout simplement sa vie.

Mirot ne consentit à cet esclavage que temporairement, se promettant d’en secouer le joug aussitôt après la publication de son livre, qui le mettrait en évidence et lui rapporterait de l’argent. Il était convaincu que ce livre, auquel il travaillait depuis près d’une année, inspiré par Simone, marquerait une époque dans l’histoire de la littérature canadienne.

Le changement qui s’était opéré dans le caractère de la jolie veuve, l’avait engagé à modifier quelque

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