si loin. Il les consola en leur disant qu’on lui offrait une situation magnifique qu’il ne pouvait refuser, et qu’il reviendrait les voir avant longtemps, quand il serait aussi riche que le roi d’Angleterre.
Trois semaines après la vente de sa ferme de Mamelmont,
ayant réalisé en espèces tout ce qu’il possédait,
Mirot retourna à Montréal où il devait demeurer
deux ou trois jours avant son départ pour les
États-Unis. Il n’y avait que quelques personnes auxquelles
il tenait à aller faire ses adieux : Marcel Lebon,
le peintre Lajoie, le docteur Dubreuil, le sénateur
Boissec et le député Charbonneau. Quant à mademoiselle
Louise Franjeu, elle ne pourrait lui demander
de la rappeler au souvenir de son ancienne
élève de McGill, car elle venait de partir pour la
France.
La veille de son départ, il se rendit au cimetière de la Côte des Neiges, déposer quelques fleurs sur la tombe de celle qu’il avait tant aimée. Après avoir longtemps cherché, il trouva le petit tertre isolé sur lequel il s’inclina longtemps, revivant toute leur vie intime jusqu’au dénouement fatal. Puis, il revint par les sentiers ombragés de la montagne où des familles goûtaient sur l’herbe verte, où des couples à l’écart échangeaient des serments éternels