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Page:Bessette - Le débutant, 1914.djvu/32

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le débutant

— J’accepterais les yeux fermés.

— C’est entendu. L’affaire est bâclée. Je vais en parler tout de suite à mon père, qui est très influent au Populiste, parce qu’on le désigne déjà comme successeur du ministre Troussebelle, qui se fait vieux, et à Marcel Lebon, mon directeur.

Tous deux s’empressèrent de revenir auprès des époux Batèche et de leurs invités pour leur faire part du beau projet qu’ils avaient conçu.

Le député Vaillant se montra beaucoup moins enthousiaste que son fils pour la carrière du journalisme. Il conseilla même à Paul Mirot de choisir de préférence le droit ou la médecine, à défaut du génie civil pour lequel le jeune homme déclara n’avoir aucune aptitude. « Les ingénieurs sont de plus en plus demandés, il y a de la place et de l’avenir dans cette profession », affirma le député de Bellemarie. Toutefois, si Paul Mirot persistait dans sa résolution de se faire journaliste, il serait trop heureux de l’aider, son fils lui ayant souvent parlé de lui dans les termes les plus élogieux, et il avait, en outre, une dette de reconnaissance à acquitter envers son vieil ami, son fidèle partisan, le père Batèche. Ce dernier, qui assistait d’une oreille à l’entretien, tout en tisonnant son feu, se rengorgea en entendant un membre de la Chambre l’appeler son ami.

Quant à Marcel Lebon, il promit de faire ce qu’il pourrait, on verrait cela dans le temps. Dans un mois, peut-être plus tôt, peut-être plus tard, on devait augmenter le personnel de la rédaction du Populiste.

Le financier Boissec félicita Paul Mirot de sa bonne résolution et, rempli d’un bel enthousiasme, du reste sans danger, il prit le ciel à témoin qu’il donnerait toute sa fortune pour avoir vingt ans et manger de la misère en se faisant journaliste. Il se sentait

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