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Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/144

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peuple à même de juger des raisons qui lui ont été fournies pour la conduite qu’il a adoptée. « La tâche, ajoute-t-il, m’en a été pénible au plus haut degré, et je m’en détourne avec une satisfaction particulière, pour vous offrir, messieurs du conseil législatif, la reconnaissance qui vous est dûe, pour l’unanimité, le zèle et l’attention continuelle que vous avez montrés dans vos procédés : ce n’est point à vous qu’il faut attribuer qu’il ait été si peu fait pour le bien public. Mes remercîmens sont également dûs à une partie considérable de la chambre d’assemblée », &c.

Nous ne saurions dire si, généralement parlant, une autorité à laquelle on n’avait jamais nié le droit de louer, n’avait pas aussi celui de blâmer : mais si, après avoir tant fait dans un sens, et si peu dans l’autre, la chambre d’assemblée ne devait pas attendre du gouverneur les louanges accoutumées, elle en attendait encore moins sans doute une aussi longue et aussi sévère mercuriale. Nous pensons qu’en effet, Sir James Craig passa de beaucoup les bornes de la modération qu’il se plaint de n’avoir pas trouvée chez les représentans du peuple, et qu’il manqua grandement aux formes parlementaires, en remerciant la minorité de l’assemblée, après avoir censuré sa majorité.

Cette majorité n’avait plus la parole pour répliquer de vive-voix et sur-le-champ ; mais elle avait un journal à sa disposition ; le discours du gouverneur fut commenté, critiqué, et amèrement censuré dans les colonnes du Canadien : écrits violents, sarcasmes, épigrammes, rien ne fut épargné pour faire paraître la conduite de son Excellence despotique ou ridicule. La hardiesse, la violence du journal, qui d’abord étonna ses abonnés, finit par persuader aux électeurs que c’étaient les membres de la majorité de l’assemblée, et non le gou-