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Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/208

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la liste civile[1] était inconstitutionnel et sans antécédent, et une infraction directe, de la part de l’assemblée, des droits et prérogatives de la couronne ; que si ce bill devenait loi, il donnerait aux communes de la province, non seulement le privilége constitutionnel de fournir les subsides, mais aussi le pouvoir de prescrire à la couronne le nombre et la description de ses serviteurs, et de régler et récompenser leurs services, suivant qu’elles le jugeraient convenable, de temps à autre ; ce qui les rendrait dépendants de corps d’électeurs, et pourrait leur faire rejetter l’autorité de la couronne, que leur serment de fidélité leur enjoint de soutenir. »

À l’exception des événements militaires, tout s’était passé jusqu’alors, dans le Haut-Canada, avec une monotonie, une tranquillité à ne pas fournir un seul trait à la plume de l’historien politique. Le 12 octobre 1818, le nouveau lieutenant-gouverneur, Sir Peregrine Maitland, avait dit aux membres de la législature : « Dans le cours de votre examen, vous serez, je n’en doute pas, indignés des tentatives qui ont été faites pour exciter le mécontentement et organiser la sédition » ; et la chambre d’assemblée lui avait répondu : « Nous ressentons une vive indignation, à la vue des tentatives systématiques qui ont été faites pour exciter des mécontentemens, et pour organiser une sédition dans cette colonie heureuse ; tandis que le mode ordinaire d’appel, pour les griefs réels ou supposés, a toujours été ouvert au peuple de cette province ; qu’il ne lui a jamais été refusé, et que même il n’y a jamais eu recours ; et nous regrettons sincèrement que les desseins insidieux d’un individu

  1. À cette époque, ni le gouvernement, ni le conseil, ni l’assemblée, ni les écrivains publics ne surent s’exprimer clairement au sujet des affaires de finances, ni faire la distinction convenable entre ce qui devait être appellé proprement liste civile, et ce qui devait porter un autre nom : de là tant de malentendus.