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Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/212

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missionnaires. Un grand nombre de Canadiens, qui avaient épousé des femmes sauvages, étaient comme établis permanemment dans ces contrées ; et la race plus nombreuse des métifs, qui ne s’offensent pas du sobriquet de Bois-Brulés, mais qui se croient presque une « Nation nouvelle », ne connaissaient pas d’autre patrie. Parlant la langue de leurs pères, ils devaient désirer aussi de professer leur religion : mais jusque-là, les uns et les autres avaient été presque entièrement négligés, et la plupart privés de toute instruction morale ou religieuse : enfin il leur manquait les avantages de la vie policée et du culte religieux, qu’on prit alors le moyen de leur procurer. MM. Dumoulin et Provencher, partis de Mont-réal, au commencement de juin 1818, furent leurs premiers missionnaires.[1].

  1. « La colonie agricole que le comte de Selkirk a fondée à la Rivière-Rouge, donnait déjà à ce pays quelque air de civilisation ; les cérémonies de la religion lui feront encore perdre quelque chose de sa barbarie. On dit que sa Seigneurie s’est adressée elle-même à Mgr. l’évêque de Québec, pour le prier d’envoyer des missionnaires dans sa colonie, et qu’Elle a approprié pour leur maintien des terres et un revenu digne de la munificence d’un grand seigneur. » — L’Aurore, juin 1818.

    « La colonie d’abord avait été établie aux environs du confluent de l’Assiniboine, que la compagnie de la Baie d’Hudson a aussi baptisée du nom de Rivière-Rouge. Deux prêtres catholiques s’y étaient établis… Plus bas, au fort Douglas, il y a encore un évêque, Monseigneur Provencher. On loue beaucoup son mérite et ses vertus… Il reçoit très bien les étrangers… Les missionnaires français, en général, se sont toujours distingués partout par une vie exemplaire et conforme à leur état. Leur bonne foi religieuse, leur charité apostolique, leur patience héroïque, et leur éloignement du fanatisme et du rigorisme, fixent dans ces contrées, des époques édifiantes dans les fastes du christianisme ; et pendant que la mémoire des Delverde, des Vodilla, &c., sera toujours en exécration dans tous les cœurs vraiment chrétiens, celle des Daniel, des Brebeuf, &c., ne perdra jamais de la vénération que l’histoire des découvertes et des missions leur consacre, à juste titre. De là cette prédilection que les Sauvages témoignent pour les Français ; prédilection qu’ils trouvent naturellement dans le fond de leur âme, nourrie par les traditions que leurs pères leur ont laissées en faveur des premiers apôtres du Canada, alors la Nouvelle France. » — M. Beltrami, écrivant en 1824.