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Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/288

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à-dire, de faire intervenir le peuple pour décider des questions dont il ne pouvait ni individuellement ni collectivement être juge compétent. Il n’appartient nullement à la masse du peuple de décider sommairement, et sans examen préalable, des questions abstraites de droits légaux, de principes constitutionnels, de priviléges et de prérogatives, dont souvent la décision demande l’étude, la réflexion et les lumières des plus habiles gens de loi. Si un corps constitué par le peuple s’est mis dans le tort, c’est vainement, selon nous, qu’il appelle le peuple à son aide, pour le mettre dans le droit.

Quoiqu’il en soit, l’agitation de 1827 fut telle, ou plutôt, les gazettes canadiennes la firent paraître telle, qu’on put lire, dans presque tous les journaux des États-Unis, des articles intitulés, Troubles en Canada, et qu’on y crut les Canadiens prêts à se rebeller[1]. Les Canadiens étaient cependant ce qu’ils avaient toujours été, un peuple loyal, généreux, social et, à très peu d’exceptions près, content de son sort et ami de la tranquillité, malgré les apparences du contraire[2]. Le machiavélisme aurait pu se prévaloir de ces apparences, pour restreindre les droits et les libertés du peuple ; et ceux qui n’auraient pas connu les dispositions du gouvernement de la métropole, ou qui auraient attribué à celui

  1. « Peut-être nous demandera-t-on où est le phantôme, l’épouvantail de la rébellion, de l’insurrection et de la guerre civile, qui s’avançait si fièrement, et d’un air si menaçant ici, l’année dernière, à en croire les journaux. Où est-il donc, en effet ? Nous n’avons pu appercevoir ni la trace ni l’ombre de ce monstre horrible. » — Notes d’un Voyageur Américain.
  2. « Le chef-d’œuvre de notre constitution, modelée sur celle de la mère-patrie ; la sagesse et la douceur de nos lois civiles et criminelles, qui rendent le Canadien si tranquille et si paisible, et lui donnent cette liberté qui n’est pas la licence ;… tout cela réuni ne doit-il pas nous faire convenir qu’il est difficile de citer un peuple plus heureux que celui dont nous avons le bonheur de faire partie. » — Abrégé de la Géographie du Canada.