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Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 2, 1844.djvu/305

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Pour réprimer, régler l’enthousiasme des jeunes gens, diminuer la violence des partis, les hommes modérés n’avaient point d’organe public, et n’en pouvaient pas avoir alors ; presque partout l’exaltation politique avait « gagné les devans », et comme dit un auteur moderne[1], « lorsque la presse est livrée à la folie des partis, il y a despotisme sur la pensée : alors la médiocrité haineuse et violente usurpe la place du talent, et le génie, qui n’est plus compris, abandonne le sceptre de l’éloquence aux déclamations populaires et aux lieux communs des sectaires[2] ». Alors, c’était la raison qui devait rester muette ; l’intolérance politique régnait en souveraine, et malheur aux Canadiens raisonnables et sensés qui essayaient de mettre un frein aux procédés irréguliers, aux étourderies politiques, dont ils étaient les témoins affligés : il n’y avait pas d’épithète injurieuse qui ne leur fût appliquée : ceux des Canadiens qui avaient pu être amenés à croire que des mérites passés excuseraient des écarts présents, et qu’il leur était permis d’aider à faire que le gouverneur[3] fût détesté par le peuple, étaient désignés comme les défenseurs de leur patrie, les amis de leurs concitoyens, de vrais Canadiens, des « patriotes » ; ceux-là, au contraire, qui défendaient

    chef. Le docteur, qui vit à sa conversation, dans quel état était son esprit, feignit d’approuver son projet, mais lui persuada d’en remettre l’exécution à deux ou trois jours, afin d’épier une occasion favorable. Le docteur fit sa déclaration, et le jeune homme fut arrêté et conduit à l’asyle des insensés. » — New Montréal Gazette.

  1. M. C. Desmarais, Tableau Historique des Progrès de la Civilisation en France.
  2. Il n’est pas nécessaire de remarquer, que la Gazette de Montréal, le Herald, &c. n’en voulaient point céder à d’autres, quant à la virulence, la violence, &c.
  3. « Lord Dalhousie », à qui « il était réservé d’éprouver un traitement jusqu’à présent inoui dans le Bas-Canada, depuis qu’il fait partie de l’empire de la Grande-Bretagne ». — Le Spectateur Canadien, 12 janvier 1828.